Après l’enfance maltraitée
Les chiffres ont beau être connus, ils continuent à faire froid dans le dos. Tous les cinq jours, un⸱e enfant meurt au sein de la sphère familiale. Toutes les trois minutes, un⸱e enfant est victime de viol ou d’agression sexuelle, dont les trois quarts (77 %) se déroulent au sein de la famille. C’est dans les leurs qu’Alma, Beverly, Océane et Mya ont vécu des violences physiques, psychologiques et/ou sexuelles lorsqu’elles étaient enfants. Comme elles, près d’un quart (24 %) des Français⸱es de plus de 18 ans estiment avoir été victimes de maltraitances graves dans leur enfance, selon les données du plan de lutte contre les violences faites aux enfants. Le stress induit par celles-ci perturbe le développement du cerveau des jeunes victimes. Et elles altèrent, parfois à vie, leur santé physique et mentale, comme en témoigne l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Une fois adultes, ces enfants ont, en effet, une plus grande propension à subir ou commettre des violences et une plus forte exposition à la dépression, la toxicomanie ou l’alcoolisme, notamment. Lorsque les mauvais traitements sont cachés, comme c’est souvent le cas quand ils se déroulent au sein de la famille, aucun·e professionnel·le de santé ne peut soutenir les enfants qui la subissent. Océane a souvent pleuré sous les coups de son père, alcoolique, en attendant que ça passe. Devenue mère, la jeune femme de 22 ans a réussi à mettre des mots sur les maux et n’imagine pas une seconde pouvoir lever la main sur son enfant. Pendant de nombreuses années, Beverly a minimisé la violence de ses parents à son égard et en a même eu honte. À 24 ans, elle veut que la honte change de camp. Elle partage aujourd’hui les violences subies et s’occupe de sa santé mentale. Un long parcours de soin depuis le réveil de sa mémoire traumatique et la prise de conscience de ce qu’elle a vécu. Alma avait 7 ans quand elle a été victime de la première agression sexuelle de son beau-père. Aujourd’hui, grâce à un signalement fait par une assistante sociale de son collège, l’adolescente de 16 ans ne vit plus avec son agresseur. Mais elle a perdu confiance en sa mère, qui n’a pas cru à son récit. Après plusieurs fugues pour alerter sur sa situation, Mya, elle, a pu échapper aux coups, insultes et manquements de ses parents. Après l’intervention de la police et une décision de justice, elle a découvert et partagé le quotidien d’une famille d’accueil aimante. Mya vit désormais à nouveau chez ses parents, accompagnés dans leur parentalité par une éducatrice. La rédaction Une série illustrée par Merieme Mesfioui
[VOIR PLUS]Pédaler contre les rixes
Réconcilier des jeunes de quartiers voisins – « en guerre » – en leur faisant parcourir des centaines de kilomètres à vélo depuis la Seine-et-Marne (77), a tout d’une idée assez dingue. C’est le défi qu’Ali Matelo – déterminé à prendre sa part dans la lutte contre les rixes entre les ados de Torcy, Noisiel, Lognes, Saint-Thibault-des-Vignes, Champs-sur-Marne – leur propose depuis trois ans (lire encadré). Après le décès d’Iderlindo, 21 ans, ce directeur adjoint d’un centre social a décidé de leur faire vivre ensemble cette aventure sportive et humaine hors du commun. En 2023, 24 jeunes hommes ont été sélectionnés pour relever ce défi : passer quatorze jours à cohabiter H24 et à pédaler sur 800 kilomètres, de Torcy à Auschwitz en Pologne, en plein mois d’août. Zako, Yanis, Yassine, Ismo et Souleymane en étaient. Cinq mois après leur retour, ils se sont attaqués à un autre genre d’épreuve : se souvenir et raconter cette expérience par écrit, accompagnés par les journalistes de la ZEP, à la maison de la jeunesse de Noisiel. Ils ont livré des récits joyeux. Des témoignages de compétition et d’entraide, de dépassement de soi et de découverte de ses limites, d’esprit d’équipe et de singularités, de différences et de points communs. Des histoires d’amitiés qui se nouent, les mains sur le guidon comme dans les chambres. Loin des guerres entre quartiers. La rédaction « Faire en sorte que nos jeunes arrêtent de se taper dessus » Ali Matelo, ancien directeur adjoint chargé de la jeunesse au centre social Omac, à Torcy, revient sur ce qui l’a convaincu d’embarquer des jeunes de quartiers rivaux en Seine-et-Marne dans un projet sportif et humain ambitieux. Comment est né le « 77 à vélo » ? Je suis parti des problèmes liés aux rixes sur notre territoire, Paris Vallée de la Marne (Lognes, Torcy, Noisiel, et Torcy), et sur une partie d’un autre territoire, Marne et Gondoire (Saint-Thibault-des-Vignes). Sur deux ans, il y a eu quatre décès. Il y a eu une marche pour rendre hommage à un jeune qui a été tué : Iderlindo. Face au regard d’un parent qui a les yeux en larmes, tu te sens impuissant. Je me suis dit que ça serait une bonne chose si on pouvait faire en sorte que, sur notre territoire tout du moins, on puisse avoir un impact, pour que nos jeunes arrêtent de se taper dessus jusqu’à conduire à des morts. S’en est suivie une rencontre avec une prof d’histoire lors d’une réunion avec des élus municipaux. Cette prof d’histoire était aussi élue. Je me suis dit : « Je pense qu’on peut faire un truc ensemble. » Je l’ai sollicitée et elle a tout de suite été partante. Le projet devait se baser sur la guerre, parce que les jeunes de nos quartiers pensent se faire la guerre, mais en réalité ce n’en est pas une. Pourquoi as-tu décidé de faire pédaler des adolescents sur 800 kilomètres ? Le vélo, c’est un sport qui me fascine. Je me suis toujours demandé comment un être humain pouvait pédaler 200-300 km par jour. Et je me suis dit : tiens, peut-être qu’avec nos jeunes ce serait bien ? Ce sport-là est un peu fermé. Ça permet de casser les mœurs et d’ouvrir ces jeunes des quartiers populaires à d’autres disciplines. On aurait pu partir à pied, mais le petit plus, c’était la récompense du vélo. C’est un outil de travail avec lequel tu repars. Comme une médaille. Je ne regrette pas ce choix car ça a bien pris. Tu peux être de Lognes, de Noisiel, de Torcy et être un élément très athlétique. Ce côté athlétique n’a pas de ville. C’est entre toi et toi. À vélo, ils sont obligés de communiquer, s’encourager, attendre l’autre… Quel était ton objectif en les emmenant à Auschwitz ? On a tendance à taxer les jeunes de quartier, généralement musulmans, d’antisémites. J’avais non seulement besoin de rendre hommage à toutes les victimes de la Shoah mais aussi de démontrer que les jeunes de quartier, musulmans ou pas, sont sensibles à ce qui arrive à d’autres communautés. Contrairement à ce que des médias véhiculent.
[VOIR PLUS]Chroniques d’une jeunesse mauricienne
À l’invitation de l’Institut français de Maurice, la ZEP s’est délocalisée pour déployer son dispositif d’accompagnement à l’écriture auprès d’une équipe de journalistes, d’écrivain·es et d’enseignant·es. L’objectif est de créer une plateforme d’expression des jeunesses de l’océan Indien. Les premiers ateliers ont fait émerger une dizaine de récits qui nous offrent une plongée inédite dans la société mauricienne. Ces jeunes de 17 à 25 ans nous racontent ainsi la prégnance des traditions familiales, les contraintes de l’insularité, la force du trilinguisme, le multiculturalisme à l’épreuve des hiérarchies communautaires, l’urbanisation pas toujours maîtrisée, ou encore les impacts écologiques sur ce territoire. Un territoire fragile, riche et complexe. Loin des clichés touristiques auxquels cette île est souvent réduite. Avec plus d’un million de touristes par an pour 1,2 million d’habitant·es, le tourisme est une activité essentielle sur l’île. C’est aussi un secteur dans lequel il ne fait pas bon se projeter quand on est une jeune femme créole, comme Yana, 23 ans. Contre l’avis de son entourage, qui l’imaginait avocate ou médecin, elle persévère. De son côté, Ségolène a renoué récemment avec la langue de son île : le créole. En voulant lui offrir un français parfait, et la réussite qui va avec, ses parents l’ont privée de leur langue… et d’une partie d’elle-même. La connaissance de son île, Jean-Jacques l’a héritée de son père, apiculteur. Ils la sillonnent ensemble depuis qu’il a 5 ans. Cette exploration lui a permis d’apprendre à en contempler les beautés naturelles, aujourd’hui menacées par les changements climatiques. Damien, lui, nous emmène visiter l’envers du décor d’une île Maurice de carte postale. À 21 ans, il habite à Vacoas, un désert urbain qu’un homme politique local rêve de transformer en « Manhattan ». La rédaction
[VOIR PLUS]Avorter avant 18 ans : un droit mais toujours une épreuve
C’est une réforme historique qui a été adoptée définitivement le 4 mars 2024 par les deux chambres du Parlement réunies en Congrès à Versailles. La France est le premier pays à inscrire la « liberté garantie » à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution du pays, c’est-à-dire la loi des lois. Une décision importante prise près d’un demi-siècle après la promulgation de la loi dite « Veil » – portée par Simone Veil – autorisant l’IVG, le 17 janvier 1975. L’objectif ? Éviter que ce droit puisse être remis en question dans notre pays. Il faut dire que l’avortement reste, aujourd’hui encore, un sujet à la fois très intime et hautement politique. En 2022, la révocation de l’arrêt Roe vs Wade, garantissant le droit d’interrompre une grossesse aux États-Unis, a rappelé combien ce droit reste fragile. 14 États américains ont interdit depuis l’avortement sur leur territoire, même en cas de viol. En Europe aussi, le droit à l’IVG a été remis en question en 2021, en Pologne, où il est quasiment interdit, sauf pour des femmes victimes d’inceste et de viol. Sur le continent africain, l’accès au libre choix de poursuivre sa grossesse reste souvent réservé aux seuls cas où la grossesse met en danger la santé de la personne enceinte. Au Maroc, avorter peut vous mener en prison. Dans le monde, 22 pays interdisent encore tout bonnement aux femmes d’avorter. Résultat ? Les avortements clandestins, non-sécurisés, tuent encore près de 40 000 femmes chaque année, selon une estimation de l’Organisation mondiale de la santé. Actuellement, en France, l’avortement est légal jusqu’à 14 semaines de grossesse. Mais il existe encore de nombreux freins à son accès. La crainte que cela puisse se savoir n’est pas des moindres, chez les plus jeunes notamment. Et le jugement négatif de certain·es adultes peut malheureusement s’ajouter à la difficulté à aller chercher de l’aide, voire aux violences déjà subies. Si une personne mineure peut accéder à une IVG sans en informer sa famille, elle doit obligatoirement être accompagnée par une personne de plus de 18 ans. « Aucune femme ne recourt de gaîté de cœur à l’avortement », assurait Simone Veil, devant l’assemblée très majoritairement masculine des députés français. « Il suffit d’écouter les femmes », ajoutait-elle. Écoutons-les ! Trois d’entre elles, mineures au moment où elles ont choisi d’interrompre une grossesse, partagent cette épreuve. Vanessa, 20 ans, qui, huit ans après les faits, n’a pas oublié le regard accusateur du médecin traitant, la violence du gynécologue et les commentaires acerbes du psychologue. Elle n’avait que 12 ans quand elle a subi un viol puis avorté, chez elle, en prenant des médicaments. Comme 80 % des femmes, Vanessa a opté pour l’IVG médicamenteuse à domicile, plutôt que l’IVG chirurgicale, qui nécessite une courte hospitalisation. Mina, elle, a fait le choix d’être encadrée médicalement. Hospitalisée un jour d’école, l’adolescente de 14 ans a alors pu compter sur la complicité d’une infirmière du service pour couvrir un mensonge fait à sa mère, de crainte d’être « mise à la porte ». De son côté, Kaïna a choisi de se confier à l’une de ses enseignantes, qui l’a accompagnée dans sa démarche. La rédaction
[VOIR PLUS]Rendez-vous à la salle
Le nouveau rendez-vous après le lycée, c’est la salle de muscu. Écouteurs dans les oreilles et haltères aux mains, les 16-25 ans rêvent de sixpack, d’épaules développées, de pecs saillants, de fesses bombées… 43 % d’entre elles et eux pratiquent la musculation, selon le baromètre 2022 de l’UCPA-Crédoc sur les loisirs sportifs. Si la multiplication des influenceurs et influenceuses fitness sur les réseaux a sûrement un rôle à jouer dans cet engouement, le sociologue Guillaume Vallet, auteur de La Fabrique du muscle, l’explique par la multiplication des crises et des incertitudes ces dernières années : le corps et la santé sont devenus un « capital » dans lequel les jeunes investissent pour mieux les traverser. Maîtriser son corps et se surpasser prouverait ainsi que l’on est capable d’en faire de même avec sa vie. Une obsession croissante pour les muscles qui, en creux, nous rappelle comment cette société reste intraitable avec les corps qui s’écartent de la norme. Hugo veut surtout « prendre de la masse », parce qu’en gagnant du poids, il gagne en confiance. Didi vise le même objectif, mais seulement dans les hanches et les fesses. Elle a d’ailleurs changé son alimentation et compte les calories pour y arriver. En quelques mois d’entraînement intensif à la salle, le corps d’Adarsh s’est transformé. Même chose pour le regard des autres. La vie d’Arsène tourne aussi autour de la salle. Pour devenir plus fort que son frère, quitte à mettre les cours de côté. Pour les potes et les camarades de Guillaume, c’est même devenu un lifestyle. Lui aussi s’est laissé séduire par cette vie protéinée, baskets aux pieds. Avant de laisser tomber : ça ne lui ressemblait pas. La rédaction
[VOIR PLUS]L’éducation sexuelle, la grande absente de l’école
Au moins trois cours d’éducation à la sexualité par an. C’est ce qui est inscrit dans la loi depuis 2001, mais entre les murs des établissements scolaires, la réalité est tout autre. Moins de 20 % des collégien·nes en bénéficient. Ce chiffre tombe même à 15 % au lycée. Les associations SOS Homophobie, Sidaction et Planning familial ont donc attaqué l’État en justice en mars dernier pour qu’il respecte ses obligations. Et pour cause : les préjugés ont la vie dure (selon un·e élève sur deux, être LGBTQIA+ est un choix) et les plaintes pour violences sexuelles sont en augmentation. Les jeunes sont pourtant en demande, mais faute d’interlocuteurs et interlocutrices à l’école, nombre d’entre elles et eux se tournent vers internet. Pour le meilleur et pour le pire. Warren se pose plein de questions depuis la cinquième. Il est aujourd’hui en seconde mais l’éducation sexuelle n’est toujours pas au programme. Le cours donné par l’infirmière du collège n’a pas permis à Cassandra d’avoir des réponses précises, et le consentement n’a jamais été abordé. Une notion que Julie aurait d’ailleurs voulu découvrir plus tôt, avant que son premier copain ne lui fasse du chantage pour obtenir un rapport sexuel. Noah est en colère contre l’école : si on y parlait des identités LGBTQIA+, beaucoup de violences pourraient être évitées. Les femmes de la famille d’Alexa ont pris les devants quand elle avait 12 ans. Maintenant, c’est elle qui répond aux questions de ses ami·es. La rédaction
[VOIR PLUS]La fin du mois, j’y pense déjà
Vendredi 13 octobre, c’est jour de grève nationale. Les syndicats appellent à une mobilisation, notamment contre l’austérité et pour une revalorisation des salaires. Et pour cause : le coût de la vie a largement augmenté en 2023, notamment de 11 % sur les produits alimentaires. Remplir le frigo, une mission d’adulte ? Alors qu’elles et ils ne connaissent pas forcément le mot « inflation », les ados subissent parfois ses conséquences au quotidien. Amélia ne reçoit plus d’argent de poche depuis cette année. Ses parents cumulent les emplois, mais ont désormais du mal à joindre les deux bouts. Quand elle fait les courses pour les jeunes du foyer dans lequel elle est hébergée, Maïssa voit bien que son panier, qui ne doit pas dépasser les 25 euros, a diminué de moitié. Wilfried parle comme un homme abîmé par les années de galère : chez lui on ne vit pas, on survit. Il connaît par cœur le budget très serré avec lequel sa mère lutte tous les mois. Une réalité qui force Xavier à être beaucoup trop organisé pour ses 15 ans : pour aider la sienne, il travaille à côté du lycée. La rédaction
[VOIR PLUS]Le lycée Rabelais, hors les murs
« Allô la ZEP, ici Libé, on a une idée à vous proposer ! » Cette aventure a commencé à peu près comme ça. Depuis près de dix ans, Libération publie une fois par mois une double-page de témoignages des jeunes que nous accompagnons en atelier. Jusque-là, nous étions à l’initiative. Les coups de fil se passaient dans l’autre sens. « Allô Libé, ici la ZEP, on a une double à vous proposer. » Ensemble, on a essayé de raconter le sport du bas de l’immeuble, les stratégies écolos, la police de (trop grande) proximité ou le 115 à 15 ans. Cette fois-ci, on s’est retrouvé·es autour de la grande table du sous-sol, celle des conférences de rédaction, pour parler des 50 ans du quotidien. Paul Quinio, le directeur de la rédaction, avait une idée : « Libé a 50 ans et le lycée Rabelais, Porte de Clignancourt à Paris, aussi… » Il nous donnait l’opportunité d’une aventure commune, d’une année partagée. Pour ses 50 ans, Libé souhaitait s’offrir une cure de jouvence en ouvrant ses colonnes aux récits des adolescent·es et des jeunes adultes scolarisé·es à Rabelais. Une jeunesse loin d’être privilégiée. Les journalistes de la ZEP ont donc passé plusieurs mois dans cet établissement enchâssé entre le boulevard extérieur et le boulevard périphérique. Un lycée à la frontière du périph’, mais avec une adresse parisienne. Un lycée malmené mais avec une équipe pédagogique au taquet. C’est donc stimulé·es par l’enthousiasme de la direction, incarnée par Patricia Jourdy et Mélanie Puel que nous avons cheminé au cours de l’année en compagnie des quatre classes de seconde, des quatre classes de première et d’une section BTS de la « promo » 2022-2023. Et la rencontre a eu lieu. Investi·es, concerné·es, les lycéen·nes ont livré des textes et des témoignages qui éclairent sur leurs réalités, souvent âpres, et notre époque assez confuse. Nous sommes très fier·es à la ZEP de la confiance qu’elles et ils nous ont donnée en acceptant que nous les assistions dans l’élaboration de leurs récits. Nous nous réjouissons aussi que le lycée, menacé de fermeture au début de l’année, ait été « sauvé » par l’ancien ministre de l’Éducation nationale qui lui a octroyé un sursis de cinq ans. Le 15 septembre prochain, notre recueil Rabelais, hors les murs sera disponible et consultable sur notre site. Vous pourrez également retrouver en kiosque une sélection de récits issus de cette aventure, dans un supplément inédit du journal Libération. La ZEP vous propose d’en découvrir cette semaine cinq, en avant-première : ceux de Safi, Gor, Rayan, Rosa et Christophe. La rédaction Crédit photo © James Albon / Libération
[VOIR PLUS]La ZEP fait sa rentrée au Maroc
Cette année, on fait notre rentrée au Maroc, et pas n’importe où : dans le plus vieux lycée français du pays, le lycée Regnault de Tanger. Deux journalistes de la ZEP, Aïda Amara et Elliot Clarke, sont parti·es en immersion pendant deux semaines dans cet établissement d’excellence qui a ouvert ses portes en 1913. Depuis 110 ans, 600 jeunes Marocain·es et Français·es y sont scolarisé·es chaque année, de la sixième à la terminale. Une institution prestigieuse, par laquelle sont passés plusieurs ministres marocains, l’écrivain et lauréat du prix Goncourt Tahar Ben Jelloun, ou encore Jean-Luc Mélenchon. Être scolarisé au lycée français, c’est une chance pour Safir. Cet établissement, il le voit comme un modèle de tolérance. Mais pour Elinor, cela veut surtout dire qu’on est privilégié·e, qu’on fait partie d’une élite coincée dans sa bulle, bien loin des conditions de vie parfois difficiles des Marocain·es. C’est aussi un lieu intransigeant, où les différences entre élèves locaux et élèves venu·es d’ailleurs se font sentir. Bien que Marocaine, Ellie n’a pas été très bien accueillie. Bilal, lui, ne veut pas venir faire ses études ici : la France de là-bas, comme il dit, lui fait peur. La rédaction
[VOIR PLUS]Nos vacances au bled
Chaque été, pour des milliers de familles en France, c’est le même rituel : on fait les valises, on charge la voiture, on vérifie qu’on a bien les passeports, les visas, les billets d’avion ou ceux pour le bateau. On entasse les cadeaux au milieu des maillots de bain, et on prend la route : on rentre au bled, au pays. Celui où l’on a grandi, celui de nos parents ou celui de nos ancêtres. Pour Néliya, c’est le Maroc et chaque été, c’est le meilleur moment de l’année. Maeva, elle, rentre en Italie, retrouver les bras de sa nonna (et sa divine sauce tomate). Pour Coralie, c’est les Antilles : fatiguée d’y être considérée comme une touriste, elle a voulu y passer plus de temps, et voir de ses propres yeux l’envers du décor paradisiaque. Bouba, lui, a carrément décidé que les vacances au quartier, c’est mieux que la Gambie : flemme d’aller encore s’ennuyer là-bas, alors qu’ici, il y a tous les copains. La rédaction
[VOIR PLUS]Tu seras belle, ma fille
« Miroir miroir, dis-moi qui est la plus belle… » Cette question, nombreuses sont celles qui se la sont posée en croisant leur reflet dans la salle de bain. Les adolescentes passent en moyenne près de huit heures par semaine à prendre soin de leur apparence. L’idée qu’il faut être belle pour être heureuse est transmise dès l’enfance. Cinq adolescentes témoignent de la place qu’occupe leur apparence dans leur vie. Cheveux lissés, visage crémé, regard intensifié avec du mascara. Jusqu’à très récemment, Maëlys n’avait jamais questionné sa « morning routine ». Amandine, elle, pensait qu’elle ne pouvait pas s’accomplir sans être « la plus belle ». Sa préoccupation principale : son poids. Sabrina aussi, parce que ses proches lui font constamment des remarques « pour son bien ». Conséquence : elle ne veut plus se voir en photo. Soulagée de voir des femmes non épilées sur les réseaux, Sasha n’accepte pourtant pas les poils sur son corps. La devise de Flora : s’assumer oui, mais pas besoin de tout envoyer balader. Se maquiller ou s’apprêter, c’est aussi OK ! La rédaction
[VOIR PLUS]Transidentité : se chercher, se trouver, s’affirmer
La transidentité gagne en visibilité. Sur les réseaux, dans les assos et chez les ados, les ressources se multiplient. Elles donnent la possibilité à des jeunes de poser des mots sur leur identité de genre. Mais les jeunes transgenres sont aussi les plus vulnérables face aux violences, que ce soit sur internet, dans la famille ou à l’école. Ce qui rend encore plus difficile l’exploration de soi sans se cacher, ou être insulté·e. Face aux stéréotypes transphobes, ces ados n’ont souvent pas le choix : il faut s’affirmer, pour être plus fort·e que les brimades. Sacha était incapable de poser des mots sur son ressenti avant de rencontrer Ophélie. Elle lui a parlé de transidentité, et ce fut le déclic. Pour Léna, c’est grâce à internet, loin des regards, qu’elle a pu définir et s’approprier son identité. Tomy, lui, a décidé de mener une double vie, après avoir tenté par tous les moyens de ne pas déplaire à sa famille. Pour Az, faire comprendre à son entourage qu’iel n’est pas une fille est une épreuve. Iel envisage la réduction mammaire. Tandis qu’Hélio, lui, a décidé d’être son propre modèle : les gens confus s’habitueront. C’est pas comme s’il en avait quelque chose à faire. La rédaction
[VOIR PLUS]Quand le sport abîme
Être la ou le meilleur·e. Aller toujours plus loin, plus vite, plus haut. Se dépasser. Gagner. Le sport, la performance et l’esprit de compétition semblent aller de pair. Des Jeux olympiques aux compétitions départementales, les sportifs et sportives doivent souvent adopter une hygiène de vie et un état d’esprit particuliers pour exceller. Quitte à sacrifier leurs relations, leur bien-être, leur santé. Alors, quelles valeurs nous enseignent le sport ? Est-ce qu’on s’entraîne juste pour obtenir le meilleur score ? Pour faire le poids en compétition de judo, Killian compte les grammes et saute les repas. Résultat : sa santé est en jeu. Face à la pression, Apolline a décidé d’arrêter la gym. Trop de blessures, pas assez de bienveillance. Pierre enchaînait les heures d’entraînement pour récolter des médailles et rendre fiers ses entraîneurs. Ses premiers échecs l’ont fait tomber de haut. Entre l’injonction à la minceur et l’hypersexualisation, Mandy parvient à garder l’équilibre. Ce qui la fait tenir : son rêve d’une danse plus inclusive. La rédaction
[VOIR PLUS]Centres de rétention : dans la machine à expulser
Officiellement, les centres de rétention administrative (CRA) ne sont pas des prisons. C’est pourtant dans ces forteresses de barbelés, surveillées par la police et privées de leurs droits que sont enfermées les personnes étrangères que l’administration a décidé d’expulser. En principe, le CRA n’est qu’une étape, le temps que l’État organise leur retour dans leur pays d’origine. Dans les faits, elles en ressortent avec la sensation d’avoir purgé une peine. En 2023 comme en 2022, le gouvernement souhaite expulser toujours plus. Des personnes seules, et parfois des familles avec enfants, sont enfermées sans savoir jusqu’à quand. Elles n’y ont pas été condamnées par la justice, leur seul tort est de ne pas avoir eu les bons papiers quand elles ont croisé le chemin de la police. La ZEP n’a pas eu l’occasion d’organiser des ateliers d’écriture dans des CRA. Pour documenter ces récits souvent loin des radars médiatiques, elle a joint les retenu·es par téléphone. Abdelkader décrit un univers carcéral où la violence policière fait partie du quotidien. Hassan a grandi en France après avoir échappé à la guerre. Les autorités sont allées le chercher directement à sa sortie de prison. En attendant d’être renvoyé au Nigéria, Francis subit les tensions au sein du centre, et une rage de dent que personne ne soigne. Dans son bâtiment pour femmes, Imane et ses coretenues tentent de construire la solidarité qui les fera tenir le temps qu’il faudra. La rédaction
[VOIR PLUS]DOSSIER – Tout quitter pour grandir ici
On les appelle administrativement des mineur·es non accompagné·es, des MNA : trois lettres derrière lesquelles se cachent des réalités et des parcours de vie éprouvants, souvent traumatiques. Un jour, ces jeunes sont parti·es, fuyant leur pays, l’horreur et la misère, voyageant au péril de leurs vies pour venir chercher, ici, une vie meilleure. La ZEP vous propose aujourd’hui de découvrir huit histoires. Celle de Mukhtar Mohamed par exemple, qui a quitté la Somalie du jour au lendemain sans prévenir personne. Un choix que des milliers d’enfants sont obligé·es de faire chaque année, comme nous l’ont raconté quatre d’entre elles et eux dans cette série, « Mineurs isolés : sauver sa peau à 15 ans ». Celles d’Oussmane, de Darty, d’Alassane, de Patchika et de Souleymane, qui ont voyagé pendant des mois à travers les dangers, le désert, la mer et les frontières. Les cinq garçons nous racontent cette route, sur laquelle ils ont tous risqué leur vie. Celle de Fofana, dont chaque heure est comptée maintenant qu’il est arrivé en France. S’il veut manger, se laver ou recharger son portable, il doit passer sa journée à courir derrière les métros et les assos. Celle de Bakary qui essaie de continuer à prendre soin de son style avec peu de moyens à Paris. Son armoire pleine à craquer de vêtements tendance est restée au Mali. Voilà les huit histoires, les huit destins que nous avons compilé dans ce dossier spécial. La rédaction Crédit photo Hans Lucas © Julien Benard – Centre d’accueil d’urgence de Briançon, le 30 août 2017.
[VOIR PLUS]Ados à l’hosto
Être gravement malade quand on est ado, ça veut dire enchaîner les prises de sang et les scanners à la place des soirées et des conneries, risquer d’accumuler un retard considérable à l’école, mais aussi dans la vie. Les amitiés ou les amours ont du mal à exister entre quatre murs blancs. Les jeunes que nous avons rencontré·es ont moins de 20 ans, mais elles et ils ont déjà passé de longs mois, parfois même des années entières hospitalisé·es. Depuis toute petite, Assia doit organiser sa vie entre l’école et l’hôpital. Ahmed, lui, a carrément révisé son bac avec une infirmière de son service. En sortant de l’hôpital, le décalage avec ses ami·es a mis Bilal en colère : pendant deux ans, lui était dans un lit, et elles et eux construisaient leur vie. Mounir, lui, se rappelle aujourd’hui de cette « grosse grippe » qui a duré des années : celle qui a failli le tuer, mais qui lui donne aujourd’hui la force d’avancer. La rédaction
[VOIR PLUS]Mineur isolé : ma famille d’accueil, ma nouvelle famille
Bouba a été renvoyé dans la rue après être allé chercher de l’aide au commissariat. Ousseni n’a pas été reconnu mineur à son arrivée en France. Pourtant, ils avaient moins de 18 ans, et ils étaient seuls, sans adulte à leurs côtés. Selon la loi, l’aide sociale à l’enfance doit protéger toute personne mineure, quelles que soient sa nationalité et ses conditions d’arrivée sur le territoire. Dans les faits, des mineur·es isolé·es dorment dans la rue, parfois pendant des mois. La Défenseure des droits déplore dans un rapport datant de janvier 2022 que ces jeunes sont trop souvent « perçus comme des étrangers en situation irrégulière, comme des majeurs, voire comme des délinquants, avant d’être considérés comme des enfants en danger ». Associations et citoyen·nes prennent alors le relais de la protection de l’enfance, pour leur offrir un toit et parfois, la chaleur d’un nouveau foyer. Bouba a atterri un peu par hasard chez un couple qui l’a pris sous son aile. Aujourd’hui, il les considère comme sa famille. Ousseni et Bassaro, eux, ont chacun été recueilli par une femme. Le premier part en vacances avec elle et la considère comme sa mère, le second a découvert Paris et la langue française avec celle qu’il appelle toujours « Madame Victoire ». La rédaction
[VOIR PLUS]Nos foulards, leurs regards
Elles ont choisi de porter le voile, et elles l’assument. Mais c’est une décision qui ne se prend pas sans appréhender les regards et les remarques. De quoi faire hésiter, mais pas renoncer celles qui sont déterminées à porter ce foulard tant critiqué… Même si une fois le pas franchi, le voile provoque un flot de réactions difficiles à encaisser, surtout quand on a à peine 20 ans. C’est pour ça qu’Alia n’arrive pas à franchir le pas. Myriam, elle, l’a fait, et a décidé un jour de se voiler. Nas aussi, mais aujourd’hui elle désespère face aux regards insistants et aux intimidations répétées. Pour Alisa, le constat est même alarmant : elle ne trouve plus de travail depuis qu’elle porte le voile. Seul garçon de cette série, Oun raconte à quel point il se sent impuissant face à l’islamophobie dont sa sœur est victime à l’université. La rédaction
[VOIR PLUS]Ma cité, mon terrain de foot
Quatre ans après le sacre de l’équipe de France, début aujourd’hui du Mondial de foot, au Qatar. Une Coupe du monde 2022 très critiquée, secouée par des scandales politiques, sociaux, et écologiques : des stades climatisés construits au milieu du désert, des accusations de corruption, d’atteintes graves aux droits humains, et des conditions d’attribution obscures. En réaction, les appels au boycott se multiplient : le monde du football n’aura jamais été autant remis en question. C’est peut-être l’occasion de le repenser ? Et de rappeler que, loin des projecteurs, c’est souvent dans la rue que tout commence. Parce qu’il n’y a pas que les évènements pro, ou les clubs. Loin des stades et des contrats, Ahmed, Djawed, Kadiatou et les jeunes de l’équipe de l’ASLCV de Caen jouent aussi au foot. Mais en bas de chez elle et eux. Dans leur cité, dans leur quartier. Avec leurs ami·es et leurs voisin·es. Soudés et motivés, les jeunes de l’ASLCV de Caen sont fiers : leur club de quartier compte plus que les clubs pro. Le foot avec les règles de la street, c’est même plus beau d’après Djawed : parce qu’on est plus libre. Plus libre, mais seulement si on a un endroit où jouer. Pour Ahmed et ses potes, il faut d’abord trouver le terrain idéal, sinon s’adapter. Quant à Kadiatou, faire du foot dans sa cité, c’est d’abord balayer les clichés et prouver que les filles sont tout aussi légitimes sur les terrains. La rédaction
[VOIR PLUS]Jeux vidéo : le sexisme a tué le game
Les femmes représentent 47 % des personnes qui jouent aux jeux vidéo en France. Parmi elles, 77 % ont déjà reçu des remarques discriminantes. 59 % des gameuses cachent d’ailleurs leur genre lorsqu’elles jouent. Justine joue, et elle adore ça. Sauf que, pour être tranquille, elle ne joue qu’avec des gens qu’elle connaît, jamais avec des inconnu·es. Kevin, lui, en a marre d’assister au harcèlement de toutes les gameuses qu’il croise en ligne. La rédaction
[VOIR PLUS]Nos parents, nos (contre) modèles
Qu’on veuille leur ressembler ou au contraire s’en distinguer, nos parents participent souvent à notre construction identitaire. Ils sont parfois nos premiers modèles. On hérite de leurs visions du monde, de leur style, de leurs passions, qu’ils nous transmettent parfois comme un trésor secret. Une transmission qui traverse les générations. Qui peut nous rapprocher, ou bien nous éloigner. Mais qui nous construit. À travers leur collection de mangas, Ylian et son père ont construit une relation complice et privilégiée. Bilel, lui, a toujours admiré sa mère gameuse : elle lui a tout appris sur les jeux vidéo. En adoptant la culture métal et gothique de sa famille, Selena a trouvé un moyen de s’épanouir et de s’affirmer, mais elle s’est aussi confrontée aux regards et moqueries des autres. Le père de Matisse l’a initié à la boxe très tôt : c’est devenu leur seul langage commun. Quant à Sarah, elle renie l’héritage artistique de ses parents, qui représente trop de mauvais souvenirs. La rédaction
[VOIR PLUS]Migrants, pour combien de temps ?
Du départ sur la route à l’arrivée dans le pays d’accueil, les incertitudes se succèdent pour les personnes exilées. Poursuivies par la police, soumises au bon vouloir des passeurs puis des administrations, elles ne sont pas sûres d’arriver un jour, ni d’être définitivement régularisées et de réussir à mener une nouvelle vie. Burhanuddin aurait pu tomber à n’importe quel moment lorsqu’il a traversé deux continents, suspendu à des voitures. Sans les associations, Adama serait resté à la rue. En arrivant à la gare, Ahmed ne savait pas où aller, avant de croiser la route d’une généreuse inconnue. Même installé depuis deux ans en France, Oumar redoute le contrôle de police qui le mènera à l’expulsion. Quant à Sarabelle, désormais hébergée et scolarisée, elle ne sait pas si elle reverra un jour sa mère. La rédaction
[VOIR PLUS]La nuit devant nous
La nuit, on rêve, on sort, on dort, on s’aime, on se repose, on s’explose. La nuit, on s’échappe. Du quotidien, du contrôle parental, des interdits, des normes. L’euphorie des premières boîtes et des premières cuites, les rencontres inattendues, les folies jusqu’au petit matin… Des moments hors du temps qui rendent la vie plus intense, entraînant parfois des comportements à risque. Et la découverte de ses limites. À Mayotte, Maëlle fait le mur pour aller à ses premières soirées, malgré les mises en garde et le danger. Paula a grandi au calme de sa campagne, et découvre l’effervescence de la fête lors de son Erasmus en Pologne. À la fac, Jason s’est mis à tester toutes les drogues, ultra-accessibles la nuit, en teuf. En soirée, Salimata s’est créée une « double identité », et a fini par développer des TCA (troubles du comportement alimentaire). À contre-courant des injonctions faites aux jeunes, Diane ne boit pas, ne fume pas, ne couche pas quand elle sort le soir… et le vit bien. La rédaction
[VOIR PLUS]Voyages, voyages
On dit que les voyages forment la jeunesse, ils peuvent aussi former ou déformer des parcours de vie. Après deux ans compliqués par la crise du Covid, il est de nouveau permis de rêver : on part où cet été, cette année ou pour toujours ? Depuis Marseille, Malak rêve de sa vie à Dubaï pendant qu’Alvinn découvre la France en TER. Arnaud, lui, c’est grâce à son permis qu’il s’est aventuré loin de chez lui. Eva a tout misé sur son voyage seule en Australie pour en apprendre plus sur la vie. De retour à Bordeaux après un Erasmus en Irlande, Chloé a pris conscience de ses capacités, mais aussi de ses privilèges. La rédaction
[VOIR PLUS]Footballeuses : encore loin du but
Coup d’envoi de l’Euro de foot féminin en Angleterre ! Seize équipes, seize pays vont s’affronter jusqu’à la fin du mois de juillet. Les Allemandes ont régné pendant vingt-deux ans sur le foot féminin européen, mais ce sont les Néerlandaises qui sont les tenantes du titre. Et, cette année, les Bleues partent favorites ! Cela ne fait que trente ans que l’Euro de foot féminin existe (vingt ans seulement pour la Coupe du monde féminine…). Même si le nombre de licenciées en club a été multiplié par deux en dix ans (197 779 en 2022 contre 81 153 en 2011), dans les cours de récré ou les clubs, la pratique du foot par les filles n’est pas encore complètement normalisée. Niyah, Evelyne, Binta et Olivia sont footballeuses. Evelyne et Binta ont du se battre pour pouvoir pratiquer ce sport. Tout le contraire d’Olivia, soutenue depuis le début par sa famille, son coach, et même les garçons de l’équipe dans laquelle elle a joué pendant cinq ans. Niyah, elle, a découvert qu’une équipe de filles, ça ne veut pas forcément dire sororité. Mais compliqué d’aller s’entraîner ailleurs quand le foot féminin reste encore minoritaire. La rédaction Crédit photo Pexels // CC RF._.studio
[VOIR PLUS]Enfances placées
Placer un enfant, c’est une mesure censée le protéger. D’un parent violent, défaillant, d’un foyer insalubre ou d’une situation de danger imminent. Mais ce placement peut être vécu comme un déchirement, une ingérence des services de l’État. Des fois, c’est la famille qui prend le relais, celle qui tient encore la route. D’autres fois, ce sont des inconnu·es, celles et ceux qui forment ces fameuses familles d’accueil. Certaines sont loin d’être à la hauteur. D’autres deviennent de vrais foyers, de vrais refuges. Mais les enfants de l’aide sociale à l’enfance restent, pour la plupart, marqué·es à vie par ce qu’elles et ils ont vécu. La mère de Léa a décidé du jour au lendemain qu’elle ne voulait plus s’occuper de ses enfants. Sa fille a vécu son placement comme un abandon. Léna, elle, n’a jamais compris pourquoi on l’arrachait à sa mère. Alors, avec son frère, elle et il ont fugué du foyer dans lequel on les avait envoyé·es. Bob, lui, a été recueilli avec d’autres jeunes chez une dame, qui les a maltraité·es. Victoire était la fille d’une de ces « mamans d’accueil », elle en a souffert pendant toute son enfance. Enfin, pour Beni, c’est son grand frère qui l’a recueilli, pour fuir le logement insalubre dans lequel il vivait avec sa mère. La rédaction
[VOIR PLUS]Hommes de ménage : corvéables sans merci
Les hommes de ménage, comme leurs collègues femmes, sont des travailleurs invisibles souvent confrontés au mépris. Celui des usagers et usagères qui font semblant de ne pas les voir lorsqu’ils nettoient leurs locaux à l’aube. Celui de leurs patrons, qui les emploient au SMIC pour des contrats courts, en horaires morcelés et souvent à temps partiel. Mais aussi celui de l’État qui, bien qu’il ait reconnu leur rôle essentiel lors de la crise sanitaire, a préféré encourager le versement de primes plutôt que de permettre une hausse globale des salaires. Les métiers du nettoyage sont rarement un choix. Ils sont souvent une voie par défaut, souvent choisie par les personnes issues de l’immigration et peu diplômées. Quatre jeunes adultes témoignent. Abdoul Brice espérait mieux en commençant une nouvelle vie en France. Il cache son activité à sa famille restée au pays. Pour Issa, les remarques condescendantes et les réflexions blessantes sont difficiles à vivre, mais il reste fier d’exercer un métier utile. Quant à Steph, la dureté de ses conditions de travail lui a donné envie de changer d’activité. Jean, enfin, dénonce les injures et le manque de soutien de son ancien patron. La rédaction
[VOIR PLUS]VIDÉO – Autoportraits de jeunesses engagées
Quatre abstentionnistes sur dix au premier tour de la présidentielle 2022 chez les moins de 35 ans. Les jeunes sont une nouvelle fois pointé·es du doigt comme la catégorie qui vote le moins. Les générations Y et Z se désintéressent-elles des enjeux politiques ? Non, à en croire les récents mouvements climat, féministe, LBTQIA+ ou les cortèges contre les violences policières. « Les jeunes sont présents dans l’arène politique et ne se détournent pas de l’engagement », répond la chercheuse Anne Muxel dans ses derniers travaux. Mobilisé·es dans de nouvelles formes de participation au-delà du vote, ils sont même plus engagé·es et plus radicaux que leurs aîné·es. Attaché·es au progressisme, à l’urgence climatique ou encore à la reconnaissance des droits des femmes et des minorités, six d’entre elles et eux racontent leurs combats, et la manière dont elles et ils souhaitent les mener, à l’intérieur ou en dehors des urnes. S’il lui a fallu du temps pour réaliser la valeur de son engagement, Coline se définit comme féministe depuis qu’elle va en manif. Pour Winona, son combat c’est de pouvoir porter ses cheveux au naturel, sans subir les diktats de la mode établis par et pour les personnes blanches. Jézabel, consciente de ses privilèges, a fait le choix de militer pour l’égalité des chances après avoir constaté le fossé entre elle et une de ses amies. Sans cesse ramenée à ses origines, Cathy compte bien faire mentir les préjugés et devenir juriste pour défendre les droits humains. En quête de sens, Nicolas et Lumir ont décidé de se lancer en politique pour se sentir en accord avec leurs convictions. La rédaction
[VOIR PLUS]Grandir avec style
À l’adolescence, tout se transforme : le corps, l’humeur, les goûts… Alors jouer avec son apparence devient un moyen de se découvrir et d’explorer son identité. Changer de coupe de cheveux tous les six mois, essayer des looks à la mode ou extravagants, ou bien mettre du maquillage : toutes les tentatives sont bonnes. Pour affirmer sa personnalité, son identité de genre ou ses centres d’intérêts. Pour se démarquer ou s’identifier à d’autres. Pour se chercher, et peut-être même se trouver en croisant son reflet. Gloria cherche son style et trouve de l’inspiration dans les looks de sa sœur, qu’elle adule. Les coupes de cheveux de Jade évoluent à mesure qu’elle se découvre et se questionne sur son genre. Moha observe les différents groupes de son lycée, organisés selon leurs codes vestimentaires. En portant des crop tops, Camille a affirmé ses deux identités de genre auprès des élèves de son lycée. Et Raphaël a abandonné ses complexes en s’amusant avec les vêtements et le maquillage. La rédaction
[VOIR PLUS]Notre scolarité sous pression
Enchaîner les examens la boule au ventre. Culpabiliser de voir ses potes au lieu de réviser. Gérer la pression des parents, des profs, et celle qu’on se met à soi-même. Et prier pour que la prochaine note ne soit pas décisive. Depuis la réforme du bac et la mise en place de Parcoursup, la pression scolaire s’intensifie. L’avenir n’a jamais été aussi incertain, mais une chose est sûre : il n’y a plus le droit à l’erreur. Depuis quatre ans, Yassin somatise la pression scolaire : tremblements, douleurs à l’estomac… Pour son brevet, Lucile a travaillé d’arrache-pied pour essayer d’atteindre le niveau d’exigence de ses parents. Juliette passe tout son temps à réviser et n’a plus aucun temps libre. Katzura a la sensation que sa vie se résume à des notes. Et pour échapper à l’école et aux crises d’angoisse que ça lui déclenche, Lucie s’évade grâce à la lecture. La rédaction
[VOIR PLUS]Papa où t’es ?
Dans huit familles monoparentales sur dix, le parent qui reste, c’est la mère. Une famille monoparentale a plus de chances que les autres d’être pauvre et mal logée. Grandir sans père, c’est souvent grandir dans une certaine précarité, mais aussi apprendre à vivre avec un sentiment d’abandon et/ou de colère, et assumer des responsabilités d’adulte arrivées bien trop tôt. Depuis que son père est parti, Benjamin a dû apprendre à gérer sa rage. Quant à Yasmine, elle n’arrive plus à faire confiance à son entourage depuis que son père a coupé les ponts. Chassée de son foyer, Shierley a vécu dans la rue, et s’est débrouillée pour retrouver une vie normale. Lola a retrouvé le sien par hasard. Après des années sans nouvelles, elle s’est rendu compte qu’il vivait juste à côté. Lucas, lui, a toujours maintenu un lien et une relation avec son père, malgré les allers et retours en prison. La rédaction
[VOIR PLUS]La politique, c’est loin de moi ?
Lors des dernières élections, les régionales et les départementales de 2021, plus de 80 % des 18-34 ans ne se sont pas déplacé·e·s. Après deux ans de pandémie, de cours en visio, d’isolement, de vies à distance et de files d’attente devant les associations de distribution alimentaire, se dirige t-on vers une abstention record des jeunes pour cette présidentielle 2022 ? Irina va pouvoir voter pour la toute première fois : mais elle ne se sent ni prête, ni préparée pour une telle responsabilité. Sofiane commence à décrypter de mieux en mieux ce monde si lointain, grâce à la télé et à Youtube. Pour Alexandre, le déclic est venu de la détresse des étudiant·e·s pendant la crise sanitaire : il a rejoint un mouvement citoyen. Yohann, lui, fait carrément de la politique depuis qu’il a intégré le conseil municipal des jeunes de sa commune. La rédaction
[VOIR PLUS]Adolescentes, déjà filles au foyer
Dans la sphère familiale comme ailleurs, on ne traite pas les filles comme les garçons. Lorsque la famille impose les tâches à sa fille, les rôles qu’elle doit tenir s’accumulent vite : ménagère, cuisinière, intendante, baby-sitter, infirmière… Tout ça ne laisse plus beaucoup de temps pour voir ses ami·e·s. Encore faudrait-il avoir le droit à une vie sociale. Pour certains parents, une fille exemplaire sacrifie son intimité au profit du foyer, avant même d’être adulte. À 14 ans, Mary-Kate fait les tâches ménagères de la maison. Alors qu’elle a trois frères, qui pourraient s’en charger aussi ! Sophia, elle, est la secrétaire de sa famille : elle se charge de toute la paperasse. Zazou s’occupe de tout chez elle, notamment de sa petite sœur : ses notes, ses projets et sa santé passent au second plan. Mallory, de son côté, vit en permanence sous pression. Sa mère exige d’elle qu’elle soit parfaite, tout le temps, dans tous les domaines. La rédaction
[VOIR PLUS]La ferme aux préjugés
Au moment où les Parisien·ne·s s’apprêtent à se ruer dans les allées du Salon de l’agriculture pour venir voir les animaux et goûter les produits de la ferme, la ZEP donne la parole à celles et ceux qui vivent, à l’année, au milieu des champs. Les enfants d’agriculteurs·trices, celles et ceux qui défendent leurs parents contre des clichés dépassés depuis longtemps – mais qu’on entend toujours dans les cours de récré. Celles et ceux qui se demandent ce que va devenir la ferme familiale, qui veulent un jour prendre le relais, ou pour qui ce n’est pas une option. Ces jeunes aussi qui ont choisi ce métier, même si ce n’est pas celui de leurs parents, et qui se battent pour faire évoluer les mentalités. Arthur est fils d’agriculteur, Gabin est apprenti céréalier, et ils sont tous les deux d’accord : les préjugés, ça suffit ! Des clichés que Marie aussi a entendu toute son enfance. Pourtant, elle a décidé de continuer à côtoyer ce monde, en devenant assistante vétérinaire. Ludivine, elle, ne reprendra pas la ferme familiale : elle a choisi un tout autre métier, et a eu du mal à le faire accepter. La rédaction
[VOIR PLUS]Dans nos villages, des jeunesses (im)mobiles
Se faire des ami·e·s et les voir, s’inscrire à des activités extrascolaires, faire ses courses, accéder à l’emploi… Nos vies, à la campagne, sont dépendantes des transports. Ceux qu’on a l’âge de conduire, mais aussi ceux qu’on peut se payer : son scooter, sa voiture ou celle de ses parents… voire le bus, s’il passe aux bons horaires ou s’il existe, tout simplement. Ainsi, plus on grandit, plus ils deviennent indispensables : un·e jeune en milieu rural sur trois n’a pas pu assister à un entretien d’embauche faute de transports. Quand elle était au lycée dans son coin de diagonale du vide, Jeanne devait condenser sa vie sociale entre l’heure de la fin des cours et celle du départ de son bus. Elle en était totalement dépendante. Lucie, sa sœur et son frère font conduire leur mère plus de 190 kilomètres par semaine pour aller à l’école et à leurs activités extrascolaires. C’est devenu le taxi de la famille. Loreen essaie de ne pas se décourager quand on lui refuse cinq emplois parce qu’elle n’a ni permis ni voiture. Quant à Eliot, sa vie a changé à 14 ans, quand il a payé avec toutes ses économies le prix de sa liberté : un scooter. Récits de jeunesses au vert, entre débrouille et galère. La rédaction
[VOIR PLUS]Transports en commun, femmes seules
Neuf femmes sur dix ont déjà été harcelées dans les transports en commun. 54 % évitent même de prendre le métro ou le bus à certaines heures, certains jours, et 48 % lorsqu’elles portent certaines tenues. Parce que dans les transports, les femmes peuvent vite devenir des proies. Floryne prend tous les matins un bus dans lequel elle se sent en danger. Mais elle ne veut pas renoncer : elle a le droit de se déplacer ! Charlotte, elle, vient tout juste de se faire agresser dans le métro. Un endroit qu’elle connaît pourtant bien, et dans lequel elle se sentait à l’aise, avant. Des agressions, Pauline en a vécues plusieurs dans les transports. À chaque fois, elle a senti son corps se paralyser. Depuis, elle voyage la boule au ventre, en hypervigilance. Sephora aussi a été victime un jour et depuis, elle a décidé de ne plus voyager sans une bombe au poivre dans sa poche.
[VOIR PLUS]Réseaux, applis… Une mine d’or quand t’es mineur·e
Reseller, influenceur·euse, monteur·euse de highlights… Les réseaux et les applis inventent de nouveaux métiers, parfois de niches, que les plus jeunes s’approprient d’autant plus vite qu’ils ou elles en ont les codes. Ces mêmes plateformes servent de ressources pour exercer des métiers plus classiques sans avoir encore l’âge requis et sans déclarer ses revenus. De quoi gagner de l’argent sans trop de contrainte horaire et acquérir des compétences qui serviront leurs futurs parcours professionnels. Alexandro revend des sneakers sur StockX et Vinted, parfois pour 1 000 euros la paire. Alexandre s’est initié au montage vidéo pendant le premier confinement : par curiosité, il a proposé ses services sur Discord. Derrière une fausse identité, il s’est vite constitué une clientèle. Precilla se coiffait elle-même, ainsi que ses proches : elle s’est servie d’Instagram pour faciliter le bouche-à-oreille et en faire une activité rémunérée. Quant à Mamady, il a sous-loué le compte Uber Eats d’un pote. En échange, ce dernier récupère un pourcentage de son chiffre d’affaires. Des petits business qui rapportent gros !
[VOIR PLUS]Notre police de (trop grande) proximité
Nombre de jeunes des quartiers populaires connaissent par cœur la police. Au fil des contrôles et des patrouilles quotidiennes, ils les reconnaissent, les surnomment, détectent leurs habitudes. Pour s’en amuser et/ou pour mieux échapper à leurs violences. Car derrière cette apparente proximité, le rapport de force qui les oppose vire parfois à l’affrontement. Reda reconnaît les types de policiers à leurs véhicules et à leur comportement. Mamadou vit au rythme des rondes de police, des contrôles et des amendes. Une pression que ressent Yassine jusqu’à la sortie du lycée où la police vient rôder. À force, les choses se gâtent et Marcel en souffre, entre contrôles abusifs et racisme assumé. Les relations tendues finissent par virer aux violences policières et transforment le quartier de Léo en champ de bataille. La rédaction
[VOIR PLUS]Restauration, vous êtes servi·e·s ?
Les employé·e·s de l’hôtellerie-restauration souffrent depuis le début de la pandémie : en un an, ils et elles sont 237 000 à avoir claqué la porte. Mais beaucoup de jeunes continuent à travailler dans les cafés et les restaurants, premiers fournisseurs de jobs étudiants. Des expériences professionnelles souvent éprouvantes, qui leur permettent de découvrir le monde du travail… et de gagner de quoi s’en sortir. Au début de ses études, Jeannette a payé son logement étudiant en travaillant un été comme serveuse. Un job qui n’a pas été sans conséquence pour sa vie sociale. Du côté de Vincent, la cuisine dans laquelle il travaillait si dur est devenue l’endroit où il faisait la fête. Les limites sont devenues floues, comme pour Louise qui s’est retrouvée dans la peau d’une manageuse alors qu’elle n’avait qu’un contrat étudiant. Arthur, lui, a été révolté par les comportements des client·e·s, qui le traitaient comme un larbin. Vous êtes servi·e·s !
[VOIR PLUS]Violences conjugales : les enfants sont aussi victimes
Lorsqu’on aborde les violences conjugales, les enfants restent les grand·es oublié·es. Pourtant, témoins ou victimes de violences physiques, psychologiques et verbales, parfois instrumentalisé·es pour manipuler leur mère, elles et ils sont également soumis·es de façon directe ou indirecte à la domination de leur père ou beau-père. D’après l’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple publiée en 2020, quatorze enfants sont décédé·es dans le cadre de violences conjugales. Emma a grandi avec un père alcoolique, la peur au ventre, jusqu’au divorce de ses parents. Pour Hachem, se libérer de l’emprise psychologique a été plus difficile. Son chantage était tenace. Ces violences ont poussé Sandra à bout, au point de finir au poste pour avoir frappé son beau-père. Lune est, quant à elle, sortie d’affaire et voudrait s’engager pour aider d’autres victimes.
[VOIR PLUS]Nos handicaps, les employeurs ne voient que ça
Les personnes en situation de handicap connaissent un taux de chômage deux fois plus important que le reste de la population active. Parmi elles, 80 % vivent avec un ou plusieurs handicaps invisibles : troubles sensoriels, psychiques ou cognitifs, maladies chroniques, troubles physiques discrets… Ils recoupent des réalités très diverses, souvent méconnues des employeurs. Engendrant préjugés, et donc discriminations à l’embauche et chômage longue durée. Certain·e·s choisissent alors de le cacher, au prix d’efforts importants pour « faire illusion ». Le TDAH (trouble de l’attention) de Louis est inconnu des recruteurs et encore trop souvent des structures classiques d’accompagnement à l’emploi. Lilia postule encore et encore malgré les rejets frontaux des recruteurs rencontrés quand ils apprennent qu’elle est épileptique. Une situation de chômage qui pousse aujourd’hui Richard vers un ESAT (établissement et service d’aide par le travail), au grand regret de son père et tuteur. Fatma, salariée, a donc choisi de cacher sa dyslexie et sa dysorthographie à ses employeurs, stressant à l’idée qu’ils remettent en cause ses capacités.
[VOIR PLUS]TikTok : mon téléphone me dit « reste »
Ça y est, TikTok fait partie des réseaux sociaux les plus utilisés au monde. Encore plus addictif que les autres. On a essayé de comprendre ce qui nous poussait à créer ou scroller des vidéos pendant des heures. Ce sont les exploits de tiktokeurs et tiktokeuses qui plaisent à Anaïs, fière d’y retrouver des personnes qui lui ressemblent. Contrairement à Garance qui, elle, ne peut s’empêcher de se comparer avec les autres filles sur TikTok. Sa confiance en elle en a d’abord pris un coup. Mélissa n’arrive plus à décrocher des contenus, et surtout des challenges qu’elle pratique dans sa chambre. Rémi aussi a voulu reproduire un tiktok dans la vraie vie. Résultat : une cabane construite avec des matériaux de récup’ entre copains, et une prise de conscience écolo en prime. Sachant que, derrière ces contenus légers et condensés, des tiktokeurs comme Louis travaillent sept jours sur sept pour leur communauté. Entre compta et épluchage de contrats, il en a fait son métier, et compte bien continuer.
[VOIR PLUS]Harcèlement scolaire : qui nous protège ?
Coups, insultes, remarques humiliantes, rumeurs, intimidations… Environ 700 000 élèves subissent du harcèlement scolaire en France. Les moyens mis en place par l’Éducation nationale pour déceler et prendre en charge les victimes ne sont pas toujours à la hauteur. Nombre d’enseignant·e·s et de parents réagissent souvent trop tardivement, sinon de façon maladroite, ou ne voient rien… Pourtant, les indices ne manquent pas. Sophie a fait plusieurs tentatives de suicide et a dû déménager pour mettre fin à des violences longtemps considérées par les adultes comme de simples « chamailleries ». Benoît aussi a dû déménager. Ses professeur·e·s étaient pourtant informé·e·s du harcèlement. Mais ils et elles lui ont fait comprendre que la priorité était de « poursuivre sa scolarité ». Faute de se sentir protégé, Sofiane a trouvé comme seul remède de retourner vers les autres la violence qu’il subissait. Avec l’aide de ses parents, Jenny s’en est sortie en changeant de classe, mais elle ne s’est pas sentie soutenue par ses professeur·e·s. Finalement, seule Tifenn a pu trouver auprès du personnel enseignant un soutien pour désamorcer les violences subies.
[VOIR PLUS]Longues peines, séjours sans fin
Passer plusieurs années derrière les barreaux, c’est avant tout gérer son temps. Celui de la prison mais aussi celui qui s’écoule à l’extérieur. Une vie hors-champ que révèlent sept détenus derrière les murs du centre de détention de Melun, qui accueille de nombreux détenus en fin de peine ou condamnés à de longues peines. Ahmed voit ses enfants grandir au rythme de parloirs salutaires. Un rythme que Gwadaï peine à trouver tant il est désœuvré alors que Rodrigue planifie son agenda « comme un soldat », heure par heure. Eric, lui, passe le temps à payer sa dette en travaillant pour 4,45 euros de l’heure. Patrice va lui aussi de l’avant en s’efforçant de préparer sa sortie, mais l’accompagnement est limité et le monde a continué sa course. Quel choc pour Joslin quand, après douze ans de détention, il a enfin une permission. Pour se libérer du poids de son passé, Raphaël compte sur la thérapie qui rythme sa peine et les jours qui le séparent de sa sortie. Même enfermé, rien n’empêche de se projeter.
[VOIR PLUS]Bienvenue à l’école du sexisme
Trop court, trop décolleté… Dès le collège, les jeunes filles sont constamment réprimandées par leurs établissements scolaires pour les tenues qu’elles portent. Sous couvert de devoir porter une tenue « adéquate » ou « républicaine », la consigne est : ne pas « perturber » les garçons. Légitimant ainsi les propos sexistes des autres élèves. Jade a décidé de ne pas suivre le règlement intérieur et a été humiliée par ses professeur·e·s à cause de ses tenues. Louanne a manifesté le 14 septembre 2020 pour dénoncer la sexualisation des tenues des lycéennes par le personnel enseignant et encadrant. Imane a été moquée par un de ses professeur·e·s à cause de ses vêtements et de son maquillage… jusqu’à être traitée de « beurette ». Fenty, elle, n’ose plus s’habiller comme elle veut pour éviter les remarques de ses amies et les regards des garçons.
[VOIR PLUS]Ce n’est pas qu’un job d’été
Pour payer leurs études ou subvenir à leurs besoins, les jobs d’été sont pour les jeunes des terrains d’expérimentation du monde du travail. Ils sont aussi révélateurs d’inégalités sociales. Robin a observé ces inégalités sur l’île de la Réunion en travaillant pour un riche Réunionnais. Olivia travaille tous les étés dans le même fast-food : deux mois de salaire pour dix mois d’études. Une chance que n’a pas eu Lucas : licencié après quelques jours, sa scolarité a été mise en péril. Melinda, elle, a découvert sa vocation lors d’un remplacement d’été, après des années à se chercher.
[VOIR PLUS]Après le viol, l’épreuve de la plainte
Seule une femme sur dix porte plainte après avoir été victime d’un viol, ou d’une tentative de viol. Nombre de ces plaintes sont ensuite classées sans suite. Un parcours long et souvent traumatisant dans lequel toutes ne s’aventurent pas. Il en faut du courage pour accepter de se reconnaître victime, il en faut de la ténacité pour demander à faire reconnaître ses droits. Au coût émotionnel de la procédure, s’ajoute la crainte d’être mal accueillie et de ne pas être crue une fois la porte du commissariat franchie. Sans parler de la réaction des proches. Pour Salomé, raconter son viol dans un commissariat a été un traumatisme de plus. Elle a le même prénom, mais une autre histoire : Salomé, elle, n’a pas résisté à la pression de ses proches, qui l’ont obligée à retirer sa plainte. Coralie, enfin, a porté plainte 23 ans après les faits : aujourd’hui, elle ne sait toujours pas si un procès aura lieu.
[VOIR PLUS]Grandir au risque des rixes
Les rixes ont-elles explosé cette année ou sont-elles juste plus médiatisées ? Descentes, guerres des cités, embrouilles de quartier : chacun·e a sa manière de les définir mais ces conflits entre bandes, quartiers ou villes englobent un même phénomène d’escalade. Les violences conduisent parfois même à la mort des participants. Scott, Imane, Saïndou et Marwan essaient de comprendre les violences dont ils·elles sont acteurs·trices, témoins ou victimes ; parfois les trois à la fois. Scott légitime les vengeances, mais décrit surtout leur contexte : c’est l’ennui, le manque de loisirs et d’infrastructures dans son quartier qui le pousse aux armes. Imane voit bien, elle aussi, que les jeunes de son quartier n’en sortent pas. Elle ne participe pas aux violences mais en connaît bien les conséquences : les marches et le deuil. Tandis qu’à Mayotte, pour Saïndou, c’est la précarité qui exacerbe les tensions, au point que de nombreux jeunes ont été envoyés en métropole pour disperser les gangs. Marwan, lui, se refuse à participer à ces guerres… quitte à mettre en péril sa réputation. Car, comme il l’explique : c’est souvent par là que tout commence.
[VOIR PLUS]Mineur·es isolé·es : sauver sa peau à 15 ans
Ce sont des enfants qui ont déjà des destins d’adultes. Quittant leur continent, leur pays, leur famille, ils et elles sont en France des mineur·es non accompagné·es, des MNA, pour reprendre l’acronyme administratif qui gomme des parcours souvent héroïques. Comme celui de Mukhtar Mohamed fuyant la guerre en Somalie, de Mamadou arrivé de Guinée-Conakry pour se sauver d’une maladie mortelle, d’Alexandra qui a échappé à l’esclavage au Mali, ou encore d’Anas débarquant du Maroc pour obéir à l’injonction familiale. Leurs histoires ne se résument pas à un statut qui, certes, les protège, mais les enferme aussi dans des stéréotypes.
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